Mme la présidente. La parole est à Mme Guylène Pantel.
Mme Guylène Pantel. Je remercie nos collègues du groupe socialiste et républicain d'avoir organisé ce débat sur les politiques à destination de la jeunesse à mettre en œuvre au regard de la crise sanitaire qui nous touche et de la crise économique et sociale qui s'annonce.
Chaque année, de nombreux jeunes, étudiants ou non, exercent une activité rémunérée leur permettant de vivre de manière autonome. Si le Gouvernement a annoncé une aide de 200 euros aux étudiants précaires et aux jeunes de moins de 25 ans bénéficiant des APL, force est de constater qu'une partie du public cible ne pourra pas bénéficier de cette aide. Certains jeunes précaires ne sont pas étudiants, certains étudiants précaires ne touchent pas d'APL, étant logés de manière temporaire chez des amis, de la famille ou des connaissances. Il y a des trous dans la raquette.
Avec la crise économique et sociale annoncée, il sera de plus en plus difficile, pour ces jeunes précaires, d'accéder à un travail, temporaire ou non, à temps partiel comme à temps complet. Nos jeunes, dans tous les territoires, vont être frappés de plein fouet par cette crise. Il est nécessaire d'anticiper l'avenir.
Dans un rapport remis au Premier ministre en mars 2017, Mme Célia Verot et M. Antoine Dulin proposaient la mise en place d'un revenu minimum garanti aux jeunes à partir de leur majorité, ouvert sous conditions de ressources. Ce « revenu socle », limité dans le temps, aurait pour principal atout de ne bénéficier qu'à ceux qui en ont besoin, atténuant les effets de seuil, et de permettre aux jeunes âgés de 18 à 30 ans de bénéficier d'un suivi intensif des services sociaux, veillant à la réussite de leur parcours d'acquisition de l'autonomie et à leur intégration sociale et professionnelle.
Monsieur le secrétaire d'État, au regard de la crise qui s'annonce, le Gouvernement compte-t-il travailler sur ce genre de dispositifs d'accompagnement ? Quelles mesures sont envisagées pour permettre aux jeunes les plus précaires, les plus isolés, de ne plus se retrouver en dehors des dispositifs d'aide et, grâce à la solidarité nationale, de remettre le pied à l'étrier ?
Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d'État.
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice, vous êtes revenue sur l'aide exceptionnelle que nous avons apportée aux jeunes durant le confinement.
Il est très difficile de toucher tout le monde lorsque l'on met en place une aide en urgence. Vous avez parlé de « trous dans la raquette ». Oui, il y a sans doute des jeunes précaires qui ne reçoivent pas l'aide, car ils « ne cochent pas les bonnes cases ».
Nous avons déployé cette aide très vite. Nous avons fait notre possible pour qu'elle bénéficie au plus grand nombre de jeunes concernés. Ainsi, les étudiants peuvent en faire la demande via les universités ; leur dossier est apprécié très finement. Les jeunes qui ne sont pas étudiants peuvent la percevoir via les APL.
Ce versement automatique est précieux. En effet, on sait que beaucoup de jeunes n'ont pas recours aux droits qui leur sont ouverts, pour des raisons d'informations ou d'éloignement. C'est un vrai problème. Dans cette mesure, l'automaticité du versement de l'aide à tous les non-étudiants bénéficiaires des APL est très efficace.
Pour ce qui concerne votre seconde question, je répète qu'il faut évidemment renforcer notre accompagnement financier pour lutter contre la précarité des jeunes, à un moment où les perspectives en matière d'emploi vont être compliquées.
J'ai parlé tout à l'heure de la garantie jeunes, à laquelle je crois beaucoup. Je crois également au parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (Pacea), qui est lui aussi porté par les missions locales.
La crise que nous traversons exige sans doute des adaptations. Il est possible que des publics qui n'étaient pas habituellement accueillis dans les missions locales, qui peuvent être plus formés, plus qualifiés, aient besoin d'une aide financière d'urgence. Il faut alors développer des déclinaisons. Nous sommes véritablement en train d'y travailler.
Je le répète, je suis très preneur de contributions que vous pourriez m'adresser au regard de votre expérience.