M. le président. La parole est à Mme Nathalie Delattre, sur l'article.
Mme Nathalie Delattre. Mes chers collègues, je pense que nous avons tous les mêmes mots en tête : que de temps perdu !
Nous étions tous prêts à voter à l'unanimité la proposition de loi que nous avait présentée le groupe CRCE en 2017, afin que cette revalorisation puisse se faire sans délai. Par un artifice de procédure, à savoir un vote bloqué, que peu d'entre nous connaissaient, nous n'avons pas pu le faire. Nous avons été empêchés, tous ici, pour des raisons purement politiciennes, parce que, aujourd'hui, c'est votre texte que vous présentez. C'est à votre bénéfice, effectivement, que vous souhaitez que cette loi puisse passer. Que de temps perdu !
Je suis élue d'un département agricole. En Gironde, le plus gros employeur est la viticulture ; je suis moi-même viticultrice. Sur les 25 000 retraités agricoles du département, 8 000 touchent à peine 300 euros par mois. Depuis des années, ils se trouvent sous le seuil de pauvreté dans l'indifférence générale ; votre indifférence, monsieur le secrétaire d'État. Il était donc temps que vous réagissiez. Ce n'est pas grand-chose : de 300 euros, nous allons passer à 85 % de SMIC.
Que vont-ils faire de cet argent ? Ils ne vont certainement pas le mettre dans un « bas de laine » : ils vont le consommer, relancer la consommation, ce qui n'est pas inutile après le Covid. Ils vont aussi le donner à leurs enfants, qui ont pris leur succession dans les domaines et les exploitations, pour les aider et faire en sorte qu'ils vivent dignement, enfin, du travail de leurs mains, de leur sueur, de tout ce qu'ils nous apportent.
Nous avons vu pendant la crise sanitaire que les agriculteurs étaient indispensables. Ce n'est qu'un juste retour de voter cette loi pour eux aujourd'hui. Et encore, elle est incomplète, puisque, comme l'ont dit tous mes collègues, les conjoints collaborateurs et les aidants familiaux n'en bénéficieront pas encore. Combien d'années va-t-il encore falloir attendre pour qu'il leur soit rendu justice ? (M. Jean-Claude Requier applaudit.)
M. François Bonhomme. Ils seront tous morts !