M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
Mme Véronique Guillotin. Madame la ministre, avec mes collègues Jean-François Husson et Véronique Del Fabro, je vous interpelle sur les faits qui se sont déroulés samedi dernier à Villerupt.
En plein centre-ville, à deux pas d'un parc pour enfants, une fusillade a eu lieu sur fond de trafic de drogue. Le bilan humain et cette violence ont profondément choqué et bouleversé les habitants : cinq blessés, dont trois dans un état grave, tous âgés de 17 à 30 ans.
Mes pensées vont naturellement aux victimes, à leurs familles, à toutes les Villeruptiennes et tous les Villeruptiens, à qui nous devons des réponses.
Tout le monde est choqué, mais personne ne semble surpris : le point de deal avait pignon sur rue depuis des mois ; les tarifs des stupéfiants sont encore inscrits sur les murs, à côté d'une fresque d'enfant.
Ce drame met en lumière le débat récurrent sur le sous-effectif chronique dans la circonscription de police de Longwy-Villerupt. Il manque au moins quinze policiers à ce jour.
Vendredi dernier, le ministre de l'intérieur a annoncé la création de onze postes. Si cette nouvelle part d'une bonne intention, il y a peu de chance que ces postes soient pourvus, en raison du manque d'attractivité du territoire.
Madame la ministre, ce qui s'est passé est grave. À la suite des échanges que nous avons eus ces derniers jours avec votre cabinet, je salue l'arrivée d'un escadron de gendarmes mobiles à Villerupt dès cet après-midi. Pour autant, envisagez-vous à moyen terme, afin de rehausser les effectifs, de nous affecter des policiers à la sortie des écoles ?
Enfin, j'exprimerai un dernier regret : la Villeruptienne que je suis n'a jusqu'à présent pas réussi à convaincre les élus locaux de la nécessité de se saisir de tous les outils disponibles, que ce soit les contrats locaux de sécurité, la police municipale ou la vidéoprotection.
C'est tous ensemble, en laissant tomber les idéologies et en n'opposant pas les uns et les autres, que nous ferons reculer la délinquance. La mise en place en urgence d'une réunion de concertation locale s'impose. Il y va de la sécurité et de la tranquillité des habitants.
Je compte sur le ministre car, j'en suis convaincue, il est encore temps d'enrayer cette spirale infernale. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC. – MM. Jean-François Husson et Yves Bouloux applaudissent également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.
Mme Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité. Madame la sénatrice Guillotin, oui, ce qui s'est passé est très grave.
Vous l'avez rappelé, dans la soirée de samedi dernier, la police est intervenue à la suite de plusieurs coups de feu tirés dans le centre-ville de Villerupt, en Meurthe-et-Moselle.
Sur place, les policiers ont découvert cinq blessés par balles, dont trois sont en urgence absolue. D'après les premiers éléments de l'enquête, cette tentative d'homicide serait en lien avec le trafic de stupéfiants, dans le contexte d'une recrudescence de la violence entre bandes rivales pour le contrôle de ce trafic.
Quelques heures après les faits, l'auteur présumé de la fusillade a été interpellé par la police judiciaire de Metz, assistée par la brigade de recherche et d'intervention (BRI). Je tiens ici à remercier tous les policiers pour leur mobilisation et leur action rapide et efficace.
Sur instruction de Gérald Darmanin, un escadron de gendarmerie mobile a été envoyé sur place dès hier. Ces soixante-dix gendarmes seront en place au moins jusqu'à la fin de la semaine.
Pour la circonscription de police dont dépend Villerupt, le ministre de l'intérieur a annoncé – vous l'avez mentionné – l'ouverture de onze postes. Par ailleurs, quarante-quatre nouveaux postes seront créés pour l'ensemble du département de la Meurthe-et-Moselle.
Nous constatons que le trafic de drogue touche aujourd'hui des villes de taille moyenne comme la vôtre, madame la sénatrice. C'est pourquoi nous devons lutter contre ce trafic à tous les niveaux. Je pense à l'excellent travail réalisé par les policiers des Yvelines qui ont effectué il y a seulement quelques jours une saisie record de 2,5 tonnes de cannabis pour une valeur marchande de 20 millions d'euros.
Je sais que tous les élus concernés, notamment les sénateurs Husson, Jacquin, Del Fabro et vous-même, sont particulièrement mobilisés. C'est la raison pour laquelle, ainsi que vous l'avez demandé, le préfet réunira l'ensemble des élus dans les plus brefs délais. Cette réunion est d'ores et déjà programmée. (MM. François Patriat et Alain Richard applaudissent.)
M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour la réplique.
Mme Véronique Guillotin. Dès lors que, face à un tel drame, on entend dire dans la rue que cela n'étonne quasiment personne, je crois qu'il y a de vraies leçons à tirer : l'État doit assumer ses responsabilités et ne pas défaillir. C'est main dans la main, État et élus locaux ensemble, que nous devons travailler et faire reculer la délinquance. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC.)