M. le président. La parole est à M. Henri Cabanel, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
Les personnes qui devaient être vaccinées la semaine prochaine dans les cabinets voient donc leur rendez-vous annulé, sans même savoir si les pharmaciens prendront le relais. À vouloir multiplier les vaccinateurs sans coordination, on ne multiplie ni les vaccins ni les vaccinés.
Les enjeux définis sont la santé publique et son efficacité. Multiplier les acteurs et les centres de vaccination est évidemment un objectif louable. La vaccination s'est incontestablement accélérée, et c'est un point fort. Il est important de stabiliser l'organisation en place pour monter en puissance ensuite, car les professionnels et les citoyens ne comprennent plus ces changements de cap.
Il y a un réel problème de méthode dans la gestion de cette crise sanitaire. Il ne s'agit pas de critiquer pour critiquer, mais de comprendre les décisions pour gagner en acceptabilité. Pourquoi ne pas passer par une organisation territoriale, comme vous l'avez fait pour les confinements avec l'appui des élus locaux, en permettant aux pharmaciens de vacciner, tout comme les infirmiers et les sages-femmes, dans les territoires dépourvus de médecins ou lorsqu'il n'y a pas assez de médecins volontaires, et non pas à leur place ?
Cette décision va démobiliser les médecins engagés qui ont fait acte de citoyenneté en se mobilisant à vos côtés pour accélérer la vaccination.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous expliquer les motivations qui vous ont conduit à prendre cette décision ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Henri Cabanel, je vous remercie de votre question qui va me permettre de clarifier les choses. En effet, en vous écoutant, je comprends que cela est nécessaire, d'autant que j'admets tout à fait que, sur la forme, un communiqué de quelques lignes introduit à la fin d'un document important envoyé un dimanche soir ait pu susciter quelque émoi.
Monsieur le sénateur, je souhaite revenir sans attendre sur un point : vous avez indiqué que les vaccinations organisées par les médecins libéraux la semaine prochaine devaient être annulées. Je vous réponds sans aucune hésitation que c'est faux. (Protestations sur les travées des groupes RDSE, INDEP, UC et Les Républicains.)
La totalité des doses de vaccins commandées la semaine dernière par des milliers de médecins généralistes qui arrivent cette semaine, soit 765 000 doses, leur seront fournies à partir de jeudi et vendredi, et pourront donc être utilisées pour vacciner leurs malades comme cela était prévu la semaine prochaine. Je souhaite lever cette ambiguïté, car, comme vous, j'ai été contacté par de nombreux médecins qui s'alarment de ne pas avoir leurs doses.
En revanche, nous avons indiqué aux médecins que, pour la semaine suivante, les livraisons du laboratoire AstraZeneca seront réduites à peau de chagrin – et je le déplore –, puisqu'en lieu et place des 765 000 doses livrées sur notre territoire cette semaine, nous n'aurons la semaine prochaine que quelque 260 000 ou 280 000 doses de vaccin.
Nous avons donc informé les nombreux médecins volontaires que nous n'aurons pas assez de vaccins pour leur fournir des doses en conséquence la semaine suivante. Ils pourront récupérer leurs doses comme prévu cette semaine et vacciner la semaine prochaine, mais ils ne pourront pas commander pour la semaine prochaine parce que nous n'avons pas assez de doses.
Par ailleurs, mesdames, messieurs les sénateurs, vous y serez sensibles, je remercie les médecins libéraux qui sont très nombreux à se mobiliser pour vacciner, mais la moitié d'entre eux n'a pas encore passé de commande. De ce fait, la moitié des Français ne peut toujours pas se faire vacciner dans son cabinet de ville.
Nous avons donc considéré qu'en plus des médecins, il fallait permettre aux pharmaciens de commencer à vacciner pour permettre à tous les patients sur tout le territoire national de bénéficier des vaccins.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre.
M. Olivier Véran, ministre. En l'espace de deux jours, sur les 20 000 pharmaciens de notre pays, quelque 15 000 se sont portés volontaires. C'est une bonne nouvelle, car il y a de la place pour tout le monde. (Exclamations sur les travées des groupes Les Républicains et SER.)
Mesdames et messieurs les sénateurs, je remercie les médecins pour leur engagement dans les centres et dans leur cabinet,…
M. le président. Il faut conclure.
M. Olivier Véran, ministre. … mais il n'y aurait pas de sens à priver les pharmaciens de cette possibilité de vacciner. Ils ont encore 1,2 million de doses à utiliser. Ils le feront, et je les en remercie. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Henri Cabanel, pour la réplique.
M. Henri Cabanel. Il s'agit d'un problème de communication, monsieur le ministre, parce qu'apparemment, les médecins ne vous ont pas compris ; ils ont compris ce que j'ai indiqué.
Je reviens sur la méthode : il faut arrêter d'infantiliser les Français. Sans explication des enjeux, ils ne peuvent pas comprendre les mesures. Comment comprendre qu'ils peuvent aller en Espagne ou en Italie et y manger au restaurant alors qu'en France, ces derniers sont fermés depuis six mois ? Comment comprendre qu'ils peuvent prendre le métro, le RER, le TGV et l'avion, mais qu'ils ne peuvent aller ni au cinéma ni au théâtre ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE, INDEP, UC et Les Républicains.)