M. Ahmed Laouedj. Madame la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, l'école, cette institution qui devrait être le symbole de l'égalité des chances, est aujourd'hui en proie à une crise sans précédent.
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Les enseignants, les parents d'élèves et les élus sont tous mobilisés depuis près d'un mois pour réclamer la mise en place d'un plan d'urgence pour l'éducation en Seine-Saint-Denis. Dans ce département, les classes sont surchargées, les enseignants sont épuisés, les locaux se dégradent, les professeurs ne sont pas remplacés.
Face à cette situation, que fait le Gouvernement ? Il y répond par une réforme, le « choc des savoirs », qui va faire de l'école un lieu de tri et d'exclusion, et des économies budgétaires, dans un domaine dont il prétend faire une priorité.
Comment peut-on parler de priorité quand on réduit le budget de l'éducation nationale ? Comment peut-on parler de priorité quand on met en péril le recrutement des enseignants ? Comment peut-on parler de priorité quand on propose une réforme qui risque de creuser les inégalités, d'affaiblir notre système éducatif et de compromettre l'avenir de nos enfants ?
Nous luttons depuis près d'un mois pour que l'éducation soit considérée comme une priorité.
Combien de fois devrons-nous rappeler que l'éducation n'est pas un coût, mais un investissement : un investissement dans l'avenir de nos enfants, un investissement dans l'avenir de notre pays ?
Combien de temps allons-nous devoir encore nous battre pour que chaque enfant, quel que soit son lieu de résidence, ait accès à une éducation de qualité ?
La Seine-Saint-Denis n'est pas le seul département concerné : les syndicats d'enseignants appellent à la grève le mardi 2 avril, preuve que cette crise s'étend à l'échelle nationale !
Madame la ministre, quelle mesure concrète allez-vous prendre pour mettre en place un plan d'urgence pour l'école publique en Seine-Saint-Denis ?
Je vous demande également de bien vouloir recevoir une délégation de sénateurs de Seine-Saint-Denis qui, comme moi, sont préoccupés par l'avenir de nos enfants et croient en l'éducation, en son pouvoir de changer des vies, de transformer des sociétés et de construire un avenir meilleur. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes GEST et CRCE-K.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Laouedj, vous faites bien de dire que l'école est un investissement. C'est la raison pour laquelle je suis très attentive aux préoccupations exprimées tant par les élus que par les personnels de l'éducation nationale en Seine-Saint-Denis.
Preuve de notre attention, ils ont été reçus, ainsi que leurs représentants syndicaux, par le directeur académique des services de l'éducation nationale (Dasen), la rectrice de l'académie de Créteil et les membres de mon propre cabinet. Je recevrai moi-même les députés de Seine-Saint-Denis qui m'ont demandé rendez-vous. Puisque vous me sollicitez personnellement, je peux vous assurer d'ores et déjà que je vous écouterai avec beaucoup d'attention.
Au sujet des locaux, j'ai eu un entretien avec Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, et Valérie Pécresse, présidente de la région d'Île-de-France, dans le cadre de leurs compétences respectives.
Vous affirmez qu'il reste du chemin à parcourir en Seine-Saint-Denis, mais reconnaissez que beaucoup a déjà été fait. Vous dites que l'école est un investissement. Or l'investissement a été massif au profit de ce département !
M. Fabien Gay. Sérieusement ?
Mme Nicole Belloubet, ministre. Je vous épargnerai le détail de toutes les mesures qui ont été prises. Je rappellerai simplement l'importance de l'éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis, qui a permis le dédoublement des classes de grande section, de cours préparatoire (CP) et de cours élémentaire de première année (CE1) – dans l'enseignement primaire, six classes sur dix bénéficient aujourd'hui de ce régime !
Par ailleurs, l'investissement entre 2017 et 2022 de plus de 1 500 postes nous a permis d'assurer, notamment au collège, des taux d'encadrement très inférieurs à la moyenne nationale, soit 23 élèves par division en Seine-Saint-Denis, contre 25 dans le reste du pays.
Je rappelle également la prime de 200 euros qui est octroyée tous les mois aux agents publics de Seine-Saint-Denis, y compris aux professeurs. J'y ajoute la prime de fidélisation, s'élevant à 12 000 euros au bout de cinq ans, qui sera versée dans quelques jours.
Je pourrais aussi vous parler des 2 millions d'euros, fruit du plan « L'État plus fort en Seine-Saint-Denis », qui ont servi notamment à la rénovation des écoles dans le département.
M. le président. Veuillez conclure !
Mme Nicole Belloubet, ministre. Enfin, la carte scolaire a été améliorée.
Bref, la Seine-Saint-Denis est pour nous un sujet de préoccupation, et nous agissons en ce sens ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)