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Question d'actualité sur la situation en Nouvelle-Calédonie

Mme Annick Girardin. Monsieur le Premier ministre, la Nouvelle-Calédonie est à genoux. Sa population est choquée et meurtrie par des émeutes violentes qui ont fait six morts et des blessés. Nous avons tous condamné ces actes, qui sont impossibles à justifier.

 

 

L’économie est en berne et la société est une nouvelle fois déchirée. Comme tous, ici, je salue les forces de l’ordre et les acteurs locaux pour leurs actions et leur engagement sans faille.

Le marasme économique, accru par la pandémie et l’instabilité institutionnelle, mène une jeunesse calédonienne dans la rue. Les craintes de ces jeunes, avides d’espoir quant à un avenir collectif, sont attisées par des souffleurs de braises, et ce malgré un processus d’autodétermination unique : quatre référendums en trente-six ans, dont trois permis par un dialogue apaisé, prônant la démocratie et le respect coutumier, mais reposant sur un équilibre toujours fragile.

Nous voilà de retour au même questionnement qu’en 1988, oubliant les acquis et balayant les avancées de celles et de ceux qui ont œuvré depuis les accords de Matignon et d’Oudinot.

Le groupe RDSE soutiendra l’ensemble des démarches ayant vocation à renouer le dialogue. Dans ce contexte, nous nous félicitons de la décision du Président de la République de se rendre sur place, mais celle-ci suscite des questions légitimes.

Au-delà d’une marque forte de solidarité envers tous ceux qui souffrent sur le territoire, quel sens donner à ce déplacement et à ces annonces ? Est-ce là une réaffirmation en direction de nos voisins de la zone et des pays observateurs – aux bonnes et mauvaises intentions –, que nous poursuivons collectivement l’écriture d’un destin commun en Nouvelle-Calédonie ? Assistons-nous à la naissance des accords de l’Élysée ? Quelles sont les prérogatives de la mission qui sera installée par le Président de la République ?

Je finirai en citant le Premier ministre Michel Rocard : « La paix, c’est la négociation, c’est le courage de céder sur certains points au nom d’un objectif plus essentiel, le courage de transformer l’ennemi en interlocuteur. »

Face à cette situation tragique, la solution ne pourra pas être uniquement martiale et institutionnelle, monsieur le Premier ministre, et le pays ne se reconstruira qu’avec toutes les forces vives de ce territoire. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – MM. Grégory Blanc et Jean-Marc Vayssouze-Faure applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Madame Annick Girardin, vous connaissez bien l’histoire et les enjeux de la situation en Nouvelle-Calédonie. Vous mesurez la gravité du moment et le risque que ces violences nous fassent revenir quarante ans en arrière. Nous ne laisserons pas faire.

C’est pourquoi nous agissons afin de rétablir l’ordre. Nous agissons aussi face aux conséquences économiques et sociales de ces émeutes. Le ministre de l’économie et des finances s’est déjà entretenu avec les acteurs économiques locaux et, ce matin, avec les banques et les assurances.

Nous serons aux côtés de la Nouvelle-Calédonie pour engager la reconstruction, comme nous sommes à ses côtés pour aider à son développement économique et social, ainsi qu’à la diversification de son économie dans le respect des compétences des institutions locales.

Nous engageons aussi toutes nos forces pour créer les conditions du dialogue et d’un accord politique global.

Le Président de la République se rend en Nouvelle-Calédonie d’abord pour témoigner aux Calédoniens, premières victimes des émeutes, la solidarité de la Nation. Son déplacement a aussi évidemment pour objectif de renouer le fil du dialogue entre indépendantistes et non-indépendantistes avec l’État. C’est la raison pour laquelle il installera une mission composée de hauts fonctionnaires, qui resteront en Nouvelle-Calédonie le temps nécessaire.

Je veux insister sur le fait que, depuis 2017, le Président de la République s’est déjà rendu à deux reprises en Nouvelle-Calédonie. Il s’y rend de nouveau en ce moment même.

Vous me demandez, madame la sénatrice, quelles seront les prérogatives de la mission qui sera installée. Cette mission a pour objectif de faire émerger un dialogue politique local afin de parvenir à un accord politique global. Le Président de la République et le gouvernement que j’ai l’honneur de diriger prendront toute leur part à ces discussions.

Je le rappelle, j’ai présidé cinq cellules interministérielles de crise ; mais, plus largement, j’ai réuni à Matignon vendredi soir les présidents des deux chambres, M. le président Larcher et Mme la présidente de l’Assemblée nationale, ainsi que des représentants parlementaires de tous les groupes politiques. Dans les semaines et les mois à venir, avec le ministre de l’intérieur et des outre-mer, et avec la ministre déléguée chargée des outre-mer, je suivrai au plus près, en lien avec les acteurs politiques calédoniens, l’évolution des discussions pour parvenir, je l’espère – c’est notre souhait à tous –, à un accord politique global en faveur de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et RDSE.)

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