M. Bernard Fialaire. Madame la ministre, vous vous fixez comme objectif de contribuer à promouvoir l'égalité des chances des différentes classes sociales dans l'accès aux formations de l'enseignement supérieur ; c'est très bien.
Parlons-en !
Au sein des grandes écoles, la diversité sociale n'a pas progressé en dix ans. Si l'on devait brosser le portrait de leurs étudiants, on pourrait dire que leurs parents sont issus des catégories socioprofessionnelles supérieures et que, le plus souvent, ils résident en Île-de-France.
Cette année, 83 000 étudiants sont inscrits en classes préparatoires aux grandes écoles. À étudier le classement des dix meilleures classes préparatoires dans chaque filière, que remarque-t-on ? Si, pour ce qui est des filières scientifique et littéraire, une large majorité de ces classes préparatoires sont publiques, en revanche, sept des dix meilleures classes préparatoires de la filière économique et commerciale générale sont privées, les frais annuels y dépassant en moyenne les 5 000 euros.
Il existe aussi des officines privées, auxquelles les étudiants ont recours en parallèle de leurs enseignements, qui peuvent être très coûteuses et qui les aident à préparer les travaux dirigés et les examens. Pourquoi ne pas encourager des systèmes de tutorat interpromotion gratuit ? Cela existe déjà, mais gagnerait à être développé. Ainsi les chances de réussite des étudiants augmenteraient-elles en même temps que les liens sociaux seraient renforcés.
L'enseignement public doit être la voie d'excellence.
Tel est le cas pour les filières scientifique et littéraire ; il faut qu'il en aille de même dans toutes les disciplines. Le secteur du jeu vidéo, par exemple, dispose d'une seule formation supérieure publique, alors qu'il est en plein développement, propose des recrutements et constitue un domaine d'excellence pour la France.
Les déterminants non académiques de la réussite ne doivent pas représenter un obstacle et le mérite doit demeurer un ascenseur social.
La loi du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants avait prévu que soit retenu, dans le cadre de la procédure Parcoursup, un taux minimal de bacheliers bénéficiaires d'une bourse nationale de lycée, cette mesure étant notamment censée s'appliquer dans les filières sélectives. Si l'on remarque, dans le sillon de cette loi, une augmentation – de 20 % à 25 % – de la proportion de néo-bacheliers boursiers admis dans le supérieur, ceux-ci restent relativement peu nombreux au sein des classes préparatoires aux grandes écoles, puisqu'ils y représentent 28 % des étudiants, contre 39 % à l'université et 54 % dans les sections de technicien supérieur (STS).
En outre, madame la ministre, votre objectif concernant le pourcentage d'étudiants boursiers en classes préparatoires aux grandes écoles stagne à 30 % jusqu'en 2025.
Nous devons être plus ambitieux !
Je salue les mesures prises par le Gouvernement en faveur du pouvoir d'achat des étudiants, comme le gel de l'indexation des loyers en résidence universitaire, la revalorisation de 4 % du montant des bourses sur critères sociaux et le maintien du repas en restaurant universitaire à un euro pour les étudiants boursiers.
Concernant la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), qui fut particulièrement mobilisée pour faire face en urgence à la crise sanitaire, le montant de sa collecte devrait atteindre 175 millions d'euros en 2023, soit 25 millions d'euros de plus que l'année dernière. Il est important que la CVEC ne devienne pas un simple levier d'intervention face aux crises sanitaires et énergétiques, mais qu'elle favorise chez les étudiants, conformément à l'intention du législateur, la pratique sportive et l'accès à l'art et à la culture, c'est-à-dire au bien-être et à l'épanouissement.
L'activité physique étant un important facteur d'épanouissement physique et psychique, je me réjouis de l'extension du Pass'Sport à 800 000 étudiants boursiers depuis la rentrée 2022. À ce propos, madame la ministre, je souhaite vous interpeller sur la place du sport universitaire, encore trop négligé.
Ce projet de budget prévoit une hausse des crédits alloués aux universités et aux organismes de recherche, des revalorisations salariales et la création de 650 chaires de professeur junior et postes de doctorants. J'ajoute que, désormais, aucun chercheur ne sera payé moins de 2 Smic en début de carrière. Notre vivier de chercheurs s'amenuisant depuis des années, ces mesures sont une étape indispensable en vue de restaurer la dignité et l'attractivité de la recherche ; il y va de l'avenir de notre pays.
Par conséquent, le groupe RDSE votera les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE – M. Julien Bargeton applaudit également.)