M. Jean-Claude Requier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Depuis plusieurs mois, la filière noix traverse une crise sans précédent, avec des cours qui s'effondrent.
Les noix partent actuellement – quand elles partent – au prix de 50 centimes à 1 euro le kilogramme, contre près de 3 euros le kilogramme, montant nécessaire pour couvrir les frais de production.
Pourquoi cette crise ?
Cette crise est liée à la conjonction d'une surproduction mondiale et, en France, d'une chute de 30 % de la consommation de noix en magasin, la noix n'étant pas considérée en période d'inflation comme un produit essentiel, malgré ses qualités nutritionnelles reconnues.
L'inquiétude gagne les producteurs, qu'ils soient du Lot, de la Dordogne ou de la Corrèze, avec la noix du Périgord, de la vallée de l'Isère, avec la noix de Grenoble, ou d'ailleurs : problèmes de trésorerie, de stockage et de conservation des noix en frigo pour qu'elles ne rancissent pas.
Que faire ?
Une réflexion est en cours pour déterminer une stratégie globale de commercialisation et de communication de la filière noix française sur plusieurs années.
Dans le Lot, un travail a débuté avec la Mutualité sociale agricole (MSA), la chambre d'agriculture et la direction départementale des territoires (DDT) pour un ciblage du fonds d'action sanitaire et sociale (Fass), avec une prise en charge des cotisations sociales pour les exploitations en grande difficulté, mais cela ne sera pas suffisant.
En attendant, la profession demande le déblocage d'un fonds d'urgence géré localement, au plus près des besoins, pour répondre à la crise. Il faudrait également envisager un retrait du marché des noix de qualité moyenne et une campagne d'arrachage.
Monsieur le ministre, quelles mesures envisagez-vous de prendre pour venir en aide à cette filière qui pèse lourd dans l'économie de nombreux départements ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE, INDEP, UC et Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question sur une filière qui vit une situation assez paradoxale, puisqu'elle connaît plutôt une crise de croissance. En effet, la demande mondiale est croissante, du fait d'ailleurs de ce que l'on appelle le phénomène du snacking, et, en dix ans, les surfaces ont augmenté de plus de 50 %. Ce à quoi nous assistons, c'est une crise de croissance dans un contexte de surproduction, de conditions climatiques et de conditions de marché qui favorisent une telle situation.
Je rappelle que la France est le premier exportateur européen et le quatrième exportateur mondial. C'est bien là-dessus qu'il faut travailler pour conforter notre souveraineté sur la filière des noix.
Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur les réponses que l'on peut apporter et vous en avez cité un certain nombre.
La première réponse, c'est un travail que nous devons mener à l'intérieur de nos frontières en matière de communication, y compris avec la grande distribution, pour mieux valoriser la noix et faire en sorte de déstocker ce que l'on a en trop cette année.
La deuxième réponse, c'est un travail que nous devons mener à l'extérieur de nos frontières, européennes et extra-européennes, pour valoriser notre production – monsieur le sénateur, vous avez indiqué les atouts qui sont les nôtres en termes de qualité –, pour faire en sorte de développer le marché.
Par ailleurs, nous avons des outils de régulation. J'ai invité les acteurs de la filière que j'ai rencontrés il y a un peu plus d'un mois à se saisir des programmes opérationnels, qu'ils peuvent intégrer à leur demande. Cela permet d'inclure des mesures de retrait, donc des mesures de régulation de marché. C'est là un élément important, me semble-t-il. Je les recontacterai pour les inciter à se rapprocher de France AgriMer.
Nous devons également travailler à moyen et long termes avec la filière et avec les producteurs de fruits et légumes pour trouver des moyens de stabiliser le marché alors même que les surfaces continuent à augmenter. Cela fait partie des éléments de communication.
La troisième réponse, c'est le travail que nous menons dans le cadre du plan de souveraineté fruits et légumes. La filière fait partie de cette grande famille des fruits et légumes, même s'il s'agit plutôt des fruits à coques, pourrait-on dire. Nous allons travailler avec ces acteurs à la fois sur les questions phytosanitaires – comment réduire la production tout en gardant de la compétitivité – et sur la façon d'ouvrir de nouveaux marchés.
Communication, outils de régulation sur les stocks, vocation exportatrice qu'il faut conforter, d'une part, plan de souveraineté fruits et légumes, d'autre part : tels sont les axes sur lesquels nous devons travailler.