Projet de loi de finances pour 2020 : mission action extérieure de l'Etat
M. le président. La parole est à M. Yvon Collin. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
M. Yvon Collin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous évoluons dans un monde en pleine recomposition géopolitique et stratégique, dans lequel les anciennes puissances sont concurrencées par de nouvelles, comme la Chine et l'Inde, des puissances d'abord économiques mais désormais politiques, qui souhaitent aussi peser sur l'ordre du monde.
Cet ordre du monde est, hélas, loin d'être en ordre.
De nouveaux défis se présentent : le changement climatique et ses probables effets en termes de migrations, ou encore l'expansion du numérique, qui, si elle n'est pas encadrée, peut être une source de dérives.
Toujours, des conflits perdurent et d'autres éclatent. Au-delà du Proche-Orient, je pense aussi au continent sud-américain, dont plusieurs pays sont en proie à des difficultés politiques : le Venezuela en particulier avec l'intransigeance de son dirigeant, mais aussi l'Équateur, la Bolivie, le Chili et la Colombie, dans lesquels les contestations s'étendent.
Aussi, dans ce contexte, la France doit absolument tenir sa place pour défendre la paix, la démocratie et les droits de l'homme. Comme l'a rappelé le Président de la République lors de la dernière conférence des ambassadeurs, « l'esprit français, c'est un esprit de résistance et une vocation à l'universel ».
Refuser la fatalité, diffuser l'humanisme qui nous est cher impliquent pour la France de conserver son rayonnement sur la scène internationale.
La mission « Action extérieure de l'État » que nous examinons aujourd'hui est le levier de cette ambition. Elle n'est pas la seule. La politique d'aide au développement et la politique du ministère des armées l'accompagnent à bien des égards. S'agissant de la défense, je n'oublierai pas de saluer la mémoire des treize militaires exceptionnels qui, au Mali, ont payé de leur vie leur engagement au service de la paix dans le monde.
Mes chers collègues, comme l'a exposé le rapporteur, les crédits de la mission sont stables en valeur et conformes à la loi de programmation des finances publiques 2018-2022. On peut toutefois observer que la fin du programme consacré au G7 entraîne en réalité une hausse de 1,1 % des crédits de paiement. J'en profiterai pour rappeler que le G7, qui s'est déroulé à Biarritz, a démontré que l'efficacité diplomatique pouvait être encore au rendez-vous malgré la crise du multilatéralisme. Pays organisateur, la France s'est retrouvée au cœur d'annonces importantes parmi lesquelles la reconstitution du Fonds vert pour le climat ou la réaffirmation de l'Afrique comme zone prioritaire de l'aide au développement.
Dans le détail de ce budget, je partagerai les observations de la commission, en particulier sur la question de la chute importante des produits de cessions qui menace le budget de l'immobilier à l'étranger, la pression qui pèse sur certains opérateurs auxquels on demande de participer à l'effort de rationalisation des moyens dans le cadre d'Action publique 2022, ou encore les conséquences que pourrait avoir sur le lien entre les Français de l'étranger et leurs services publics une modernisation à marche forcée de l'administration consulaire.
On peut en revanche se féliciter du renforcement, à hauteur de 24,6 millions d'euros, du budget de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, dont la subvention pour charge publique avait tout de même diminué de 33 millions d'euros en 2017. On le voit, nous revenons de loin ! Cet abondement est plus que nécessaire pour remplir l'objectif, décidé par le Président de la République, de doubler le nombre d'élèves scolarisés au sein du réseau français.
Disons-le, la francophonie est en perte de vitesse.
Aussi, il apparaît essentiel de préserver les moyens des quelque 522 établissements français qui accueillent 200 000 élèves étrangers sur un effectif total de 365 000. Il faut bien mesurer l'enjeu de la diffusion de notre langue. Encourager au maintien du plus grand nombre possible de locuteurs français, c'est conserver un levier fort de la transmission de nos valeurs, dont le caractère universel est encore – on s'en réjouit ! – reconnu dans le monde.
Enseigner le français, c'est en quelque sorte enseigner la liberté, l'égalité et la fraternité.
M. Jean-Claude Requier. C'est vrai !
M. Yvon Collin. La coopération culturelle passe aussi par le développement et le renforcement d'une approche partenariale. Le nouveau traité d'Aix-la-Chapelle, signé en janvier dernier avec l'Allemagne, élargit et renouvelle le champ de la coopération culturelle entre Berlin et Paris. J'en suis heureux et j'espère que les projets communs, que ce soient la plateforme numérique et les instituts franco-allemands intégrés contribueront à valoriser la relation franco-allemande, dont on connaît tous l'impact politique sur la scène internationale.
Enfin, c'est bien sûr au travers de la conservation d'un réseau dense d'ambassades que la France exerce son rayonnement. À mon sens, le réseau diplomatique doit conserver, autant que faire se peut, son universalité. Pour autant, c'est un objectif qui n'interdit pas un redéploiement plus net des moyens d'un poste diplomatique à un autre, en particulier pour répondre au souhait du chef de l'État de voir la France exercer davantage son rôle de puissance d'équilibre dans certaines régions du monde, en Asie par exemple. À cet égard, la volonté de construire un partenariat euro-chinois du XXIe siècle est à mettre en œuvre.
Mes chers collègues, dans cette perspective d'approfondissement de l'action extérieure de l'État dans le monde, le RDSE soutiendra les crédits ouverts en 2020 pour la mission. (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et LaREM, ainsi que sur des travées du groupe UC.)
M. Jean-Claude Requier. Très bien !
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