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Débat sur le thème : « "Pouvoir de vivre" : quelles politiques de solidarité pour répondre au choc de la transition écologique ?

M. Éric Gold. L'État vient de lancer une offre de location longue durée de véhicule électrique à bas prix. Ce leasing social connaît un franc succès, 80 000 dossiers ayant déjà été déposés.

 

Au-delà de son caractère attractif, l'offre suscite un engouement, qui s'explique notamment par les immenses besoins de mobilité solidaire et écologique dans les zones rurales.

Dans ces territoires, où le revenu par habitant est moins élevé qu'ailleurs, et où la voiture reste indispensable, des innovations se mettent en place. Dans le bassin de Riom – le maire de cette ville est en tribune ce soir –, situé dans mon département, la communauté de communes Chavanon Combrailles et Volcans a ainsi lancé un réseau solidaire de mobilité. Celui-ci permet de mettre en relation des bénéficiaires et des bénévoles propriétaires d'une voiture – des retraités disponibles ou des actifs –, qui effectuent le même trajet tous les jours et qui se proposent de covoiturer.

Ils sont actuellement vingt-neuf à transporter soixante-cinq bénéficiaires. En général, ces derniers sont plutôt âgés, non titulaires du permis de conduire ou désormais incapables de conduire. Souvent, ils souhaitent se rendre à des rendez-vous médicaux.

Dans ce territoire, composé de trente-six villages de faible densité, la mise en place de lignes de transport en commun régulières est inenvisageable.

Plus souple et plus agile, cette plateforme a été décidée à la suite de la prise de compétence mobilité par les petites intercommunalités permise par la loi d'orientation des mobilités, et financée dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.

D'autres initiatives ont été mises en place, mais la multiplication de telles innovations nécessite d'instaurer un portail unique national recensant les offres de mobilité solidaire et partagée.

Monsieur le ministre, vous le savez, la réduction de la place de la voiture individuelle est un enjeu écologique et de santé majeur.

Or le leasing électrique proposé par le Gouvernement ne permettra pas de répondre à tous les besoins, notamment à ceux des classes moyennes, qui souffrent aussi de l'inflation.

J'aimerais donc savoir si d'autres projets sont envisagés par le Gouvernement pour faire face à l'enjeu de la mobilité en zone rurale.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Gold, j'ai plusieurs éléments de réponse à vous apporter.

Tout d'abord, vous prenez l'exemple de villages où il n'y a manifestement pas de solutions de substitution. À cela, je réponds que la réouverture de petites lignes ferroviaires peut être une solution dans certains territoires, à condition de faire des travaux de régénération des voies.

Les budgets en la matière n'ont cessé de diminuer depuis le milieu des années 1980 ; ils n'ont augmenté de nouveau qu'à partir de 2017 ! Encadré par le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) et financé par le plan ferroviaire à 100 milliards d'euros, cet effort apportera des réponses.

Ensuite, je peux citer le plan France Ruralités, qui prévoit notamment la création d'un fonds de 90 millions d'euros pour soutenir les autorités organisatrices de mobilité en milieu rural. Présenté par la Première ministre voilà quelques mois, il sera déployé au cours de cette année.

Il y a également le fonds vert et le plan national covoiturage qui ont déjà permis d'accompagner concrètement presque une centaine de territoires en 2023, année de leur mise en œuvre.

Enfin, j'irai plus loin : le secteur des transports représente 30 % des émissions de CO2 de notre pays. On voit bien l'intérêt de massifier le transfert des voitures thermiques vers l'électrique, ce qui prend du temps.

On voit surtout l'intérêt d'investir dans la décarbonation en tenant compte de la réalité vécue dans nos territoires. La planification écologique est justement entrée dans une phase où les territoires eux-mêmes – et non Paris ! – évaluent leurs besoins pour baisser leurs émissions.

J'ai eu l'occasion de me rendre en Auvergne-Rhône-Alpes ; il me reste trois ou quatre COP territoriales à installer pour que, partout en France, chaque bassin de vie fasse remonter, d'ici à juillet prochain, leurs besoins pour accélérer leur décarbonation.

L'objectif est de disposer de ces éléments d'ici le milieu de l'année 2024, au moment où l'on bâtira le projet du budget de l'année 2025. Il s'agit de poursuivre la trajectoire de soutien à la transition écologique, en fonction non pas de ce qui semble juste depuis Paris, mais de la réalité des besoins, évaluée à l'échelle des territoires. (M. Loïc Hervé se montre dubitatif.)

Dans certains endroits se posera peut-être la question des friches, dans d'autres celle de la mobilité, dans d'autres encore celle de la relocalisation.

L'enjeu, c'est d'écouter les territoires. Vous nous y encouragez en vous faisant le porte-parole ce soir du bassin de Riom, monsieur le sénateur.

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