Proposition de loi visant à démocratiser le sport, à améliorer la gouvernance des fédérations sportives et à sécuriser les conditions d'exercice du sport professionnel
Pour beaucoup de nos concitoyens, accéder au sport relève de la course d'obstacles, les barrières étant le plus souvent sociales ou territoriales. Il existe dans notre pays une véritable fracture sportive.
Selon l'auteur du texte que nous examinons aujourd'hui, près de 42 % de la population ne pratique aucune activité physique. Ce chiffre pourrait s'aggraver avec le développement croissant de l'usage par les jeunes des écrans numériques, habitude qui, hélas ! les conduit de plus en plus à s'installer dans la sédentarité.
Dans ces conditions, il reste beaucoup à faire pour encourager la pratique sportive de tous. C'était l'objet du texte : démocratiser le sport. Je dis bien « c'était », car, en raison des dizaines d'articles qui se sont greffés à la proposition de loi initiale, cet objectif s'est quelque peu dilué dans un ensemble de dispositions hétéroclites.
Cet enrichissement législatif est sans doute le signe que le sport français a besoin d'un texte majeur, générateur des moyens qu'une telle priorité exige, de surcroît dans la perspective des jeux Olympiques de 2024.
Quelle est au fond la problématique fondamentale dans l'accès au sport ? Si l'on s'en tient au sens strictement étymologique, l'accès au sport, c'est tout d'abord la possibilité de s'y rendre physiquement. L'offre sportive et son corollaire, la densité des équipements et des associations sportives, sont à l'évidence des facteurs déterminants. Si des stades de foot ne s'étaient pas installés au pied des immeubles, aurions-nous connu les Zidane, Matuidi et Pogba ?
Sur ce volet, le texte apporte une réponse phare : l'ouverture des moyens sportifs scolaires et universitaires aux personnes extérieures. C'est un dispositif très intéressant qui joue la carte de la proximité. Doit-on pour autant s'inquiéter des contraintes que cela pourrait induire en termes de responsabilités, d'organisations et de coût financier pour les collectivités locales ? Rappelons que celles-ci apportent déjà chaque année près de 12 milliards d'euros au financement des équipements sportifs et des associations sportives.
L'accès au sport, c'est aussi un enjeu social que le texte ne prétend pas résoudre directement, même si l'ouverture à plus d'équipements devrait apporter des améliorations en la matière, ainsi que l'accent porté sur l'école au travers de plusieurs articles. La discussion budgétaire sur la mission « Sport, jeunesse et vie associative » que nous n'avons malheureusement pas eue au Sénat aurait permis de rappeler que les politiques publiques ont cette première mission d'inclusion de tous les publics, sans quoi l'objectif de cohésion sociale ne pourra jamais être totalement atteint.
Comme le souligne le dernier rapport du Conseil d'État sur le sport, il est « souhaitable de recenser, soutenir et étendre les actions innovantes utilisant le sport à des fins d'insertion et d'émancipation ». Toute politique d'aménagement devrait promouvoir un urbanisme favorable à l'activité sportive et physique. Il faut développer les sites de plein air, les parcours sécurisés de marche et de vélo, multiplier les playgrounds ou toutes sortes d'installations gratuites. Dans cet esprit, madame la ministre, le Pass'Sport est également une bonne initiative. Il faudra cependant l'évaluer pour s'assurer qu'il atteint ses objectifs, notamment auprès des ménages modestes.
J'en viens au deuxième grand enjeu du texte, l'appui au sport-santé. À cet égard, la proposition de loi apporte des mesures bienvenues, par exemple l'inscription de l'offre d'activités physiques et sportives au titre des missions des établissements et services médico-sociaux. On peut toutefois s'inquiéter de la situation financière de certaines de ces structures, qui risque de compromettre son effectivité sur tout le territoire.
Mon groupe regarde également avec intérêt la mesure d'élargissement du périmètre des prescripteurs de l'activité physique adaptée et l'extension du champ de ses bénéficiaires. Les bienfaits thérapeutiques du sport ne sont plus à démontrer. Il faut par conséquent encourager ce dispositif et, bien sûr, réfléchir à son modèle économique, car son absence de prise en charge par l'assurance maladie pose question. Si l'on considère que le sport est un médicament, ce dont je suis pour ma part convaincu, alors les financements doivent être à la hauteur. En effet, les gains pour la santé physique et psychologique sont immenses et les coûts évités le sont tout autant.
En outre, cet élargissement doit s'accompagner du développement de la formation à l'encadrement de personnes qui présentent des pathologies chroniques ou des limitations fonctionnelles. Les modules de formation Activité physique adaptée, dispensés au sein des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPé), doivent être largement ouverts au monde associatif sportif.
J'en viens aux articles intéressant la gouvernance des fédérations sportives. Tout ce qui peut inviter ces instances à se régénérer et se féminiser va dans le bon sens, celui d'un monde sportif ouvert et conforme aux valeurs d'égalité et de fraternité qui lui sont théoriquement consubstantielles.
Attaché aux bienfaits du sport pour la santé et la cohésion sociale, le groupe du RDSE votera en faveur de cette proposition de loi. Compte tenu des nombreux apports qu'elle contient, ses membres souhaitent la voir adoptée définitivement dans les prochains mois et espèrent que la suspension des travaux parlementaires n'y fera pas obstacle. (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et SER.)
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