Débat sur le thème : « L'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes du trouble du déficit de l'attention »
Mme Véronique Guillotin. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, c'est d'abord avec une pointe de regret que le groupe du RDSE a accueilli la transformation de l'examen de la proposition de loi en débat. Nous étions en effet convaincus de pouvoir faire bouger les lignes pour les 2 millions de personnes atteintes de trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité. Le droit d'amendement et la navette parlementaire auraient pu permettre de faire évoluer le texte et de mieux répondre aux demandes des associations – le nombre important de sollicitations reçues ces derniers jours démontre l'intérêt fort pour ce sujet et le besoin de reconnaissance qui lui est associé.
Nous espérons donc que ce débat permettra de mettre en avant les nécessaires actions à entreprendre pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes d'un trouble du déficit de l'attention, ce qui, dans un contexte de campagne présidentielle, ne peut être complètement inutile.
Ce trouble du neuro-développement se caractérise par trois symptômes principaux – l'inattention, l'impulsivité et l'hyperactivité –, mais ils regroupent une variété de situations et de comportements les rendant difficiles à diagnostiquer.
Peu connus et très mal reconnus, ils sont pourtant au deuxième rang des troubles en pédopsychiatrie, touchant 5 % des enfants et 2,5 % de la population générale. S'ils se caractérisent par des troubles du comportement, ils augmentent aussi significativement le risque d'accidents, d'arrestations et d'addictions. En plus de la question de la prise en charge d'un handicap viennent donc s'ajouter des questions de sécurité et de santé publique.
Malheureusement, comme dans beaucoup d'autres cas – je pense à l'autisme –, le constat d'un retard français est souvent partagé.
Je ne m'étendrai pas sur la nécessaire amélioration de la formation du personnel éducatif. Cette formation est de toute façon insuffisante, cela fait des années que tout le monde le dit. Si l'on veut rendre effective l'école inclusive – et je pense que c'est l'ambition de la quasi-totalité de l'échiquier politique –, on doit mettre le paquet sur la connaissance de tous les types de handicaps et sur les moyens de s'adapter au quotidien aux particularités de chaque élève.
Je m'étendrai en revanche sur l'amont, à savoir le diagnostic. On le sait, la précocité du repérage du TDAH est cruciale : un retard de diagnostic, donc de prise en charge, peut conduire à une aggravation des conséquences et à des répercussions délétères sur la vie entière : familiale, sociale, scolaire ou professionnelle.
La pose d'un diagnostic nécessite l'intervention de plusieurs professionnels de santé. Un forfait d'intervention précoce permet désormais de diminuer le reste à charge lors des consultations avec les psychologues, psychomotriciens et ergothérapeutes. Toutefois, ce forfait demeure insuffisant et marque surtout les difficultés d'accès à un accompagnement public gratuit par les centres d'action médico-sociale précoce et les centres médico-psycho-pédagogiques. Obtenir un rendez-vous peut relever du parcours du combattant et prendre plusieurs mois ; cette lenteur insupportable conduit certains à se tourner vers des diagnostics et des rééducations non remboursés.
En plus de renforcer les inégalités sociales, de nombreuses familles ne pouvant se payer le luxe d'un reste à charge, même minoré, cette réalité nous prive d'un service public de qualité, accessible à tous. Pourtant, dans le cas d'un trouble à la fois répandu et mal connu, il semble indispensable de recentrer le diagnostic sur une offre publique en quantité, mais surtout de qualité...
Cette réalité mérite en effet un point de vigilance : l'État doit reprendre la main sur le diagnostic et la prise en charge pour éviter toute surmédication. Si je mets bien sûr de côté les troubles graves qui peuvent nécessiter un soutien médicamenteux, pour les autres, la sensibilisation et l'accompagnement des parents peuvent représenter une partie de la solution. Je pense aux écrans, qui, on le sait, jouent un rôle croissant dans le développement des troubles du comportement. Un accompagnement éducatif dès les premiers troubles de l'attention peut permettre de freiner le développement des symptômes et éviter une prise en charge plus lourde par la suite.
L'enjeu est d'éviter de coller des étiquettes à de très jeunes enfants, quand la clef peut résider dans de simples ressources éducatives. L'État et les collectivités ont sur ce point un grand rôle à jouer au plus près des familles. C'est donc un appel à plus d'engagement de la part de nos services publics.
À l'heure où nous inventons la France de l'après-covid, une réflexion de fond sur notre système de santé doit encore et toujours être menée. Les patients, les associations et les professionnels ont des idées pour nous faire avancer ; c'est avec eux que le débat doit se faire désormais. (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et UC.)
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