Projet de loi de finances pour 2023 - mission sécurités
Mme Maryse Carrère. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau nous livre une formule intéressante : « À mesure que le genre humain s'étendit, les peines se multiplièrent ». Cette multiplication des inquiétudes et des dangers résonne bien avec le pluriel employé dans l'intitulé de cette mission, dont les enjeux sont singulièrement variés.
En premier lieu, il y a la sécurité quotidienne : celle de la vie ordinaire de nos concitoyens, des rues et des lieux publics, qui comporte des procédures que chacun est, hélas ! amené à rencontrer. En effet, les statistiques récentes en matière de délinquance ne sont malheureusement pas très encourageantes.En deuxième lieu, il y a la sécurité événementielle, dont la réception de la finale de la Ligue des champions au mois de juin dernier a rappelé l'importance. De ce point de vue, nous abordons des années décisives à l'approche de deux événements phares : la Coupe du monde de rugby et les jeux Olympiques.
En troisième lieu, il y a la sécurité de crise : je pense en particulier aux incendies de cet été, qui ont durement frappé la Gironde.
Tels sont les moments durant lesquels les agents doivent être mobilisés sans discontinuer.
Nous avons examiné au mois d'octobre la Lopmi, qui affiche de nombreuses promesses. Ce budget me semble aujourd'hui aller dans la direction annoncée.
La hausse d'un milliard d'euros n'a rien de négligeable. Elle permet des recrutements attendus, tant dans la police que dans la gendarmerie. Nous aurions donc tort, à mon sens, de nous montrer trop pessimistes, d'autant que cette progression poursuit celle déjà observée au cours des exercices précédents.
Permettez-moi d'énumérer, pêle-mêle, quelques points que nous souhaitons saluer.
Premier point : la hausse de la trajectoire des dépenses de personnel, constatée sur les précédents budgets, d'environ 6 %. Je l'ai déjà évoquée, mais je me réjouis de cette hausse importante des effectifs de la police et de la gendarmerie nationales.
Deuxième point : le maintien de la dynamique des dépenses de fonctionnement et d'investissement. Celles-ci devraient accompagner les recrutements en permettant aux agents d'être opérationnels d'un point de vue matériel – c'est, là aussi, une bonne chose.
Troisième point : l'affectation de crédits supplémentaires en vue de développer les outils de lutte contre les cybercriminalités. Il ne faut nullement négliger cette question. Le piratage, au cours de l'été, du réseau informatique de l'hôpital de Corbeil-Essonnes a montré avec force la nécessité de poursuivre l'investissement dans ce domaine.
Dernier point : je ne peux que saluer les crédits qui devraient être alloués au renouvellement de la flotte d'hélicoptères.
Nous voyons donc que, afin d'assurer toutes ces missions de sécurité publique, il nous faut des agents et du matériel en nombre suffisant.
Par ailleurs, au-delà de la quantité, il faut de la qualité, c'est-à-dire des agents correctement formés – le groupe du RDSE a déjà eu l'occasion d'insister sur cet aspect, en particulier lors de l'examen de la Lopmi.
Je le redis : qu'il s'agisse de la formation initiale ou de la formation continue, trop souvent délaissée au cours de la carrière, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la performance des différents services.
Les travaux en cours de la mission d'information sur les moyens d'action et les méthodes d'intervention de la police et de la gendarmerie, dont je suis rapporteure avec Catherine Di Falco, montrent que nous avons une importante marge de progression en la matière.
Enfin, j'insisterai tout de même sur les enjeux de sécurité civile. La question des incendies, que j'ai déjà évoquée, est particulièrement préoccupante pour les années à venir. Nous avons le sentiment que le soutien budgétaire est insuffisant pour y faire face, d'autant que les projections climatiques sont loin d'être rassurantes.
Aussi notre groupe présentera-t-il plusieurs amendements visant à encourager l'investissement dans la lutte contre l'incendie. Je pense notamment à la proposition de notre collègue Jean-Yves Roux d'accompagner financièrement les communes rurales dans la réalisation de leurs obligations légales de débroussaillement, ou encore à l'amendement de Nathalie Delattre visant à financer l'acquisition de drones, utiles à la lutte contre les incendies.
Ces remarques faites, notre groupe devrait voter en faveur des crédits alloués à cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
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