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Projet de loi de finances pour 2024 - mission action extérieure de l'Etat

M. André Guiol. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Action extérieure de l'État » requiert la plus grande solennité et une certaine gravité face aux crises diplomatiques et sécuritaires qui s'enchaînent.

Guerres de conquête, conflits gelés, guerre de défense : la liste des régions en proie à des tensions s'allonge au fil du temps. Près de nous, je pense à l'Ukraine, au Haut-Karabagh et au Proche-Orient. Cet accroissement des violences par les armes signifie-t-il un essoufflement de la diplomatie internationale ? Oui, bien sûr, car les instruments de règlements des conflits internationaux semblent perdre de l'efficacité. Pour autant, la diplomatie doit redevenir la première boussole du maintien de la paix.

C'est la volonté de la France, me semble-t-il, comme en témoigne, madame la ministre votre appel conjoint avec le ministre des armées en faveur d'une paix durable entre Israël et le Hamas. Pour préserver l'importance de la voix de la France, il nous faut maintenir les moyens de l'action extérieure. Dans les luttes d'influences qui se jouent au sein de l'ordre international, notre pays doit maintenir son rang. C'est, en tout cas, ce qu'ont recommandé les États généraux de la diplomatie, qui plaident pour davantage de moyens matériels et humains.

Nos collègues rapporteurs l'ont souligné, l'évolution des crédits de la mission va dans le bon sens, puisque ce sont 390 millions d'euros supplémentaires qui seront mobilisés en 2024, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023. C'est une première étape pour tenir la promesse de hausse de 20 % des moyens sur quatre ans. Ces crédits permettront d'augmenter les effectifs, mais nous attendons des réponses quant à leur répartition.

Par ailleurs, la restauration de notre crédibilité internationale nécessite aussi la consolidation de nos contributions au profit des organisations internationales et européennes. La France tient ses engagements, notamment ceux qu'elle a pris au sommet de Madrid en 2022 à l'égard de l'Otan, d'une part, et ceux qui facilitent la démarche européenne pour la paix, d'autre part. Nous nous en réjouissons.

Parce que le Quai d'Orsay ne doit pas être uniquement le ministère des crises, j'en viens à notre réseau d'influence. L'affaiblissement des institutions internationales, que j'évoquais au début de mon propos, nous oblige à repenser l'utilisation des canaux diplomatiques classiques, pour encourager une stratégie d'influence constructive.

Le renforcement de notre réseau culturel amorce cette mutation. La répartition des crédits du programme 185, « Diplomatie culturelle et d'influence », est rassurante, et leur hausse très significative profitera aux différents opérateurs ainsi qu'aux alliances françaises.

Mon groupe, attaché aux valeurs que porte la Francophonie, se réjouit du soutien accru à l'enseignement du français à l'étranger. Nous saluons les ressources mises à disposition de I'AEFE.

Dans un contexte de compétition internationale accrue, il faut une politique d'attractivité ambitieuse. Toutefois, l'offre de moyens en matière d'enseignement du français à l'étranger n'étant pas suivie d'une progression importante des effectifs, de quel levier disposons-nous pour attirer davantage d'élèves ?

En revanche, la revalorisation à hauteur de 6 millions d'euros des crédits alloués aux bourses pour les étudiants étrangers va dans le bon sens.

Enfin, je dirai quelques mots sur certaines difficultés qui sont vécues par nos concitoyens à l'étranger – Olivier Cadic en a parlé – et auxquelles il faudra apporter une réponse. Je pense aux délais d'attente dans les services consulaires pour la délivrance des visas de court séjour, qui continuent de croître. La baisse des moyens humains octroyés au traitement des visas dans le programme concerné est inquiétante. Nous aurions aimé que le plafond des autorisations d'emploi de chaque poste soit revu à la hausse. Il y va du confort de nos administrés, mais aussi de la crédibilité de la France.

Au bénéfice de ses observations, mes chers collègues, nous voterons ce budget globalement volontariste du ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Dans le droit fil des États généraux de la diplomatie, il marque la genèse d'un changement de paradigme, évolution que le groupe du RDSE accueille avec satisfaction. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

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