Débat : "Demain les robots : vers une transformation des emplois de service"
Mme la présidente. La parole est à M. Éric Gold.
M. Éric Gold. Ma question concerne le secteur de l’aide à domicile pour les personnes dépendantes, qui connaît une croissance sensible en raison, notamment, du vieillissement de la population.
Ce secteur fait face à des difficultés importantes de recrutement, liées pour l’essentiel au manque d’attractivité des carrières. La faiblesse des rémunérations, la précarité, les fréquentes coupures dans la journée de travail et les nombreux déplacements sont souvent évoqués pour expliquer les pénuries de personnel. En outre, les auxiliaires de vie peuvent être confrontés à des conditions de travail difficiles, avec des tâches traumatisantes pour le corps et, parfois, la violence physique et verbale de personnes atteintes de maladies neurodégénératives.
Au Japon, où la question du vieillissement de la population se fait encore plus prégnante, on estime qu’il manquera 370 000 soignants en 2025. Pour pallier cette pénurie de personnel, le gouvernement japonais mise sur l’intelligence artificielle et les robots infirmiers et d’assistance aux personnes âgées, allant du bras articulé au robot émotionnel qui tient compagnie aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et calme leur anxiété. Pour l’heure, ces outils sont utilisés en maisons de retraite, mais on en voit déjà les applications possibles pour le maintien à domicile.
Dans ce domaine, la domotique permet déjà d’améliorer le confort des personnes dépendantes et à mobilité réduite. Bien sûr, il n’est pas question de nier l’importance du lien humain, qui doit absolument être privilégié et préservé. Je sais d’ailleurs que l’attractivité des métiers de l’aide à domicile sera au cœur de la prochaine loi sur le grand âge et l’autonomie.
Néanmoins, ces nouveaux outils peuvent aussi aider au maintien à domicile et venir en soutien de l’intervention des personnels, notamment au moment du lever et de la toilette de la personne dépendante.
Ma question est double, monsieur le ministre : l’intelligence artificielle et la robotique peuvent-elles contribuer, selon vous, à pallier le manque d’auxiliaires de vie, et quelles tâches seront-elles demain en capacité d’assumer ?
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Vous avez raison, monsieur le sénateur Gold, de poser la question de l’impact de la robotisation sur les services à la personne, en maison de retraite ou au domicile.
Comme vous l’avez rappelé, le secteur de l’aide à domicile souffre de difficultés récurrentes en matière de recrutement. La robotisation peut être une des réponses, dans la mesure où elle facilite l’assistance et la veille pour des prises en charge lourdes. Les gains en termes d’organisation du travail et de maîtrise des coûts permettraient un amortissement en une à deux années. Des expériences sont menées en France ; elles méritent d’être dupliquées. Néanmoins, il faut un peu de temps encore pour juger de leur réussite.
Il convient toutefois de préciser que l’activité de ce secteur reste avant tout fondée sur la relation humaine. La robotisation ne peut intervenir qu’en complément, pour soulager les salariés et, en certains cas, s’y substituer complètement. Elle réduit la pénibilité très importante de ces métiers. En le déchargeant de certaines tâches de veille ou d’assistance mécanique, elle permet au personnel de se consacrer entièrement à sa mission d’inclusion sociale et de relations humaines.
Une telle modernisation serait de nature à rendre plus attractifs les métiers de cette filière et à réduire les taux élevés d’accidents et d’arrêts de travail qui y sont enregistrés actuellement et sont, je le rappelle, supérieurs à ceux du secteur du bâtiment et des travaux publics.
Je précise de nouveau que les pouvoirs publics ont lancé un chantier d’open data concernant leurs bases de données pour le secteur des services à la personne. L’objectif est que l’expérimentation de l’application Nova aboutisse à la fin de l’année 2020. Cet objectif rejoint la recommandation n° 4 du rapport sénatorial, concernant l’importance d’élaborer des politiques d’utilisation de la donnée publique et privée.
Enfin, le plan Grand âge traitera de la question de l’attractivité du secteur des services à la personne, notamment au travers de la formation.
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