Question d'actualité sur l'industrie aéronautique
Mme Françoise Laborde. Au nom du groupe du RDSE, je salue la venue du nouveau Premier ministre et de son gouvernement dans notre hémicycle.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance, car elle porte sur la relance, mais je serais naturellement très heureuse que Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie me réponde.
C'est à un véritable séisme économique, qui fait écho à la crise sanitaire, que le monde entier fait face et peine encore à endiguer aujourd'hui.
Dans les circonstances d'urgence financière que nous connaissons, je salue les plans de sauvegarde des différentes filières industrielles françaises, que votre ministère a su mettre en œuvre très rapidement. Ils traduisent un effort national d'un montant inédit dans l'histoire de notre économie, destiné à financer des mesures facilitatrices pour les entreprises : 8 milliards d'euros pour la filière automobile, 15 milliards d'euros pour l'aéronautique, dont 7 milliards d'euros d'aides directes à Air France.
Mon département est frappé de plein fouet. Largement spécialisée dans l'aéronautique, avec toute la chaîne de construction des avions, le siège mondial d'Airbus, la filière du transport aérien, ses nombreuses compagnies et leurs plateformes régionales, la Haute-Garonne risque de payer cher le coût social de cette crise. Les plans sociaux menacent déjà des dizaines de milliers d'emplois.
Plus de 5 000 postes seraient supprimés chez Airbus, mais combien d'autres le seront dans la supply chain ? L'onde de choc touchera les PME sous-traitantes. Jusqu'à 30 000 emplois seraient concernés. Air France, pour sa part, annonce la suppression de 7 500 postes d'ici à 2022. Il faut ajouter à ce décompte mortifère les 4 600 suppressions d'emplois prévues par le groupe Renault.
Combien de salariés, dans cette accumulation de chiffres exorbitants, viendront grossir le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi ?
Tous les décideurs affirment vouloir éviter les licenciements secs, mais je redoute que leurs promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Ma question est simple : comment l'État compte-t-il veiller – pour ne pas dire surveiller – à ce que les fonds publics consacrés à la relance de l'industrie et à la sauvegarde de la compétence industrielle soient effectivement utilisés pour protéger les emplois en France ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Madame la sénatrice Laborde, permettez-moi tout d'abord de vous adresser un message personnel et de vous souhaiter un bon anniversaire ! (Applaudissements.)
Vous avez évoqué un sujet délicat et important. Je partage votre préoccupation concernant l'emploi. Votre question est parfaitement légitime.
Nous sommes effectivement confrontés à une crise mondiale, qui a des effets sur l'ensemble des chaînes de production. Boeing a annoncé il y a peu la suppression de 16 000 emplois. Nous devons nous armer face à cela.
Je pense que l'État, et vous l'avez d'ailleurs dit, a pris ses responsabilités. Il l'a fait en mettant en place des plans de soutien rapides, effectifs. Il continuera à prendre ses responsabilités en lançant un plan de relance adapté à la situation, afin de préserver notre croissance à long terme. Il continuera à travailler sur la transition écologique et énergétique et, surtout, à nous donner les moyens de préserver notre capital humain.
Tous les plans que nous avons lancés, je le souligne, qu'il s'agisse du plan automobile ou du plan aéronautique, visent à préserver l'emploi.
Lorsque nous quadruplons les dépenses de recherche et développement du Conseil pour la recherche aéronautique civile, le Corac, afin de financer un avion beaucoup moins carboné, nous sauvegardons des emplois d'ingénieurs et de techniciens.
Lorsque la ministre des armées anticipe des commandes, elle préserve la chaîne de production française, ainsi que des emplois.
Lorsque nous mettons en place un fonds d'investissement ou un dispositif d'activité partielle à long terme, nous accompagnons des emplois. Et nous attendons en retour des entreprises qu'elles soient parfaitement responsables.
Le dialogue se fait dans le cadre du suivi des plans de restructuration. À titre d'exemple, alors que Daher avait annoncé la suppression de 1 300 emplois, cette entreprise a réduit ce nombre à 800 à l'ouverture des négociations. Grâce aux mesures de l'État, il est aujourd'hui de 500, et nous allons continuer de le réduire, afin de limiter les départs contraints. Tel est l'enjeu, pour soutenir l'industrie. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
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