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Débat interactif sur la crise agricole

M. Henri Cabanel. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, quelle agriculture voulons-nous pour demain ? Derrière cette question fondamentale qui englobe tous les enjeux, qu'ils soient environnementaux, économiques, fonciers ou de santé publique, il y a la problématique du renouvellement des générations et de l'attractivité du métier.

Quand les tracteurs ont quitté les champs en signe de colère pour signifier le mal-être des paysans, les Français ont découvert une profession en danger. La lourdeur administrative met en péril la santé des entreprises et vient affaiblir notre compétitivité sur un marché où la concurrence internationale est exacerbée.

Il ne faut plus seulement avoir peur des charges sociales qui sont moins élevées ailleurs, ou des mesures environnementales qui sont moins lourdes chez nos concurrents. Il faut aussi anticiper les crises qui se succèdent : les crises sanitaires, climatiques, mais aussi politiques, puisque certaines taxes sont mises en place pour sanctionner des décisions ou des conflits qui, au-delà du drame humain qu'ils constituent, ont des incidences directes sur les matières premières.

Les agriculteurs l'ont dit et redit en janvier dernier : ils sont à bout de force, à bout de souffle ! Ils souffrent de problèmes de revenus que nous n'avons pas le droit de nier.

Je citerai quelques exemples : les prédations et les épidémies qui se développent affaiblissent les éleveurs ; les rendements des céréaliers sont très faibles cette année, tandis que les vendanges qui s'achèvent laissent présager un enlisement de la crise viticole.

Pour autant, le groupe auquel j'appartiens, le RDSE, place l'agriculture au cœur de la ruralité que nous défendons : nous ne baisserons pas les bras !

Il existe des solutions, mais encore faut-il vouloir les mettre en œuvre. Parmi celles-ci figurent les paiements pour services environnementaux (PSE), qui concernent tous les agriculteurs. Il s'agit tout simplement d'encourager les agriculteurs qui s'engagent dans des pratiques vertueuses et de les récompenser pour les bénéfices qu'ils offrent à la société : restructuration des sols qui captent le dioxyde de carbone, lutte contre les incendies, préservation des écosystèmes, façonnage des paysages.

Ma question est donc simple, madame la ministre : avez-vous prévu des mesures en ce sens dans la future LOA, qui souffre encore véritablement d'un manque de vision stratégique ? (Mme Mireille Jouve applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Monsieur le sénateur Henri Cabanel, tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour votre rapport sur les suicides en agriculture. C'est un sujet tout à fait capital.

Je suis très favorable au principe d'une meilleure valorisation des externalités positives de l'agriculture. Il y en a beaucoup : le stockage du carbone dans les sols, la biodiversité, l'aménagement du territoire en sont quelques exemples.

Cela étant, il faut faire attention à ce que cela ne fasse pas baisser les aides aux revenus du budget de la PAC. Dans le projet de loi d'orientation agricole, l'objectif de reconnaître et de mieux valoriser les externalités positives de l'agriculture, notamment en termes de services environnementaux et d'aménagement du territoire, est préservé à l'article 1er. Je veillerai à ce que cette mesure demeure dans le texte, dans une version que vous pourrez enrichir.

Il n'est pas pour autant nécessaire de s'en remettre à la loi pour développer les paiements pour services environnementaux, car ceux-ci peuvent d'ores et déjà être déployés par les collectivités locales ou les agences de l'eau. Il faut mieux accompagner pour faciliter leur déploiement. Mes services et moi-même pourrons y travailler avec vous, en lien avec M. le sénateur Franck Montaugé, que je sais également très attaché à cette idée.

Vous avez évoqué fugitivement la question de la prédation, un sujet sur lequel j'ai travaillé pendant de très nombreuses années au sein de l'Association nationale des élus de la montagne (Anem) lorsque j'y exerçais des responsabilités.

La semaine dernière, il s'est produit un événement très important en la matière, puisque les pays membres de l'Union européenne se sont accordés sur un affaiblissement du niveau de protection du loup, ce qui n'équivaut aucunement à un premier pas vers une éradication de l'animal – il n'en a jamais été question, je tiens d'emblée à lever toute ambiguïté !

Pour ce qui concerne les vendanges, la situation de la filière viticole est connue, mais nous travaillons d'ores et déjà avec celle-ci.

Enfin, j'ai apprécié votre engagement en faveur d'une ruralité qui ne veut pas baisser les bras. C'est la ruralité que je connais, que j'aime et que je veux défendre.

M. le président. La parole est à M. Henri Cabanel, pour la réplique.

M. Henri Cabanel. Il est nécessaire de coconstruire une stratégie avec les filières, parce que les investissements et l'endettement des agriculteurs ne peuvent pas systématiquement pâtir de la nouvelle loi agricole que chaque nouveau gouvernement veut mettre en œuvre. Les agriculteurs ont besoin d'une vision à long terme.

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