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Débat sur la croissance de la dette publique de la France

M. le président. La parole est à M. Christian Bilhac. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

M. Christian Bilhac. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la dette publique et le déficit sont de véritables marronniers parlementaires, de vieux marronniers, même, puisque voilà cinquante ans que nous n'équilibrons pas nos comptes publics. Nous collectionnons, en la matière, les médailles d'or aux jeux Olympiques de la finance. Cocorico !

Aujourd'hui, nous abordons le sujet avec un nouveau ministre des comptes publics. L'avantage, avec un nouveau ministre, c'est que l'on peut se répéter.

Mme Nathalie Goulet. C'est mieux que de se contredire ! (Sourires.)

M. Christian Bilhac. Je m'en excuse, d'ailleurs, auprès de mes collègues… Je rappelle donc les mots pleins de sagesse de Pierre Mendès France : « Les comptes en désordre sont la marque des nations qui s'abandonnent. »

Dans sa déclaration de politique générale, le nouveau Premier ministre s'est engagé à ramener le déficit de la France à 3 % en… 2029. Or, en 2007, le Premier ministre d'alors, M. Fillon, parlait d'un État en faillite pour « seulement » 1 150 milliards d'euros de dette, soit 63 % du PIB, alors qu'aujourd'hui nous atteignons 3 228 milliards d'euros, soit 112 % du PIB. Je me tourne donc vers vous, car je n'ai pas trouvé, dans le dictionnaire, un mot pour caractériser cette dette abyssale…

À ce rythme, le remboursement des intérêts va bientôt devenir le premier poste de dépenses dans le budget de la France, devant l'éducation, la santé, la solidarité ou encore la sécurité. Me reviennent alors les paroles de mon professeur de droit financier, selon qui « les dettes d'aujourd'hui sont les impôts de demain ». En la matière, les réveils sont douloureux, alors mieux vaut ne pas s'endormir…

Monsieur le ministre, vous semblez, avec le Premier ministre, vouloir prendre le problème à bras-le-corps en agissant sur les dépenses, mais aussi sur les recettes. Je m'en réjouis.

Cependant, le retour à un déficit de 3 % est programmé pour 2029… Comme je l'ai dit à plusieurs reprises à cette tribune, les lois de programmation et autres prévisions budgétaires pluriannuelles, exercices imposés pour les parlementaires que nous sommes, ne sont que rarement, voire jamais respectées, parce que les prévisions macroéconomiques sont de plus en plus aléatoires au gré des crises sanitaires ou de la géopolitique mondiale, mais surtout – surtout ! – par manque de courage et d'imagination. Ainsi, la dernière loi prévoyait cet objectif de 3 % à l'horizon 2027. Mais chacun sait, surtout les marins, que, à mesure qu'on se rapproche de l'horizon, il s'éloigne… (M. Philippe Grosvalet s'en amuse.)

Pour la France et pour nos enfants, nous devons y croire. Alors je me réfère au conseil amical de Blaise Pascal, comme le chantait si bien notre poète sétois, Georges Brassens, dans Le Mécréant :

« Mettez-vous à genoux, priez et implorez

« Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez. »

Cependant, j'avoue qu'avec l'esprit laïque qui me caractérise, même en m'employant à la génuflexion et aux prières, j'ai du mal à y croire… Car pour atteindre 3 %, ce n'est pas gagné, et même à ce taux, nous continuerons à nous endetter.

Monsieur le ministre, je vous souhaite de réussir, aux côtés du Premier ministre, avec du courage et de l'imagination pour faire, enfin, baisser la dette. Alors je formule quelques suggestions, pour prendre le taureau par les cornes : supprimez des opérateurs ! Au hasard : les ARS, l'Office français de la biodiversité (OFB), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les agences de l'eau et bien d'autres ! (Très bien ! et marques d'approbation sur des travées des groupes RDSE, UC et Les Républicains.) Il y en a 493, qui coûtent 80 milliards d'euros, vous pouvez y aller ! Supprimez carrément des ministères et donnez des responsabilités aux collectivités locales en décentralisant encore plus.

Pour revenir à la dette, je rappelle que le seul responsable en est l'État, car les collectivités locales, encore récemment montrées du doigt par l'ancien ministre de l'économie et des finances, votent des budgets à l'équilibre. Je m'interroge : comment font les 30 000 maires ruraux, qui n'ont pas fait de grandes écoles et sont assistés par une secrétaire de mairie qui, parfois, n'a pas le bac et exerce à temps partiel, comment font-ils, diantre, pour voter des budgets en équilibre alors que les ministres les plus compétents de la République, que nous voyons passer depuis cinquante ans, entourés des hauts fonctionnaires les plus diplômés, n'y parviennent pas ? Faut-il alors nommer un maire rural auvergnat ? (Rires. – Mmes Sonia de La Provôté et Évelyne Perrot applaudissent.)

Je conclus sur les paroles de Pierre Mendès France, rejoignant le Premier ministre : « Il est urgent d'agir, il ne faut jamais sacrifier l'avenir au présent. » (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)

M. Guillaume Chevrollier. Bravo !

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